L’œuvre du mois 2 : Polichinelle

L'adoration des Mages - Mathieu Le Nain
http://www.photo.rmn.fr / Voir la fiche sur le site de la RMN

   

Le mercredi 11 février 2015, Mme Jagerschmidt a présenté l'«œuvre du mois"

 

Polichinelle

 Anonyme (École française)

Une huile sur toile du XVIIIe siècle

 provenant de la collection de Boucher de Perthes.



      Ce tableau non attribué est probablement une copie d'une œuvre de Carle Vanloo. Son étude a permis d'évoquer les thèmes de la commedia dell'arte, du carnaval et de la fête qui ont été illustrés de gravures du XVIIIe siècle tirées de nos réserves.

 

       L’œuvre du mois bénéficie d'une mise en valeur particulière pendant un mois,  elle est accompagnée de panneaux explicatifs dont vous pouvez retrouver le contenu sur le livret d'accompagnement adulte, disponible à l'accueil du musée.

Si vous n'avez pu vous le procurer, vous pouvez l'imprimer grâce à ce lien livret d'accompagnement, avec l'aimable autorisation de Mme Jagerschmidt.
          Quelques œuvres du fonds l'accompagnent, choisies pour compléter l'information sur l'artiste, le thème ou la période...

 Panneau de présentation 1
Panneau de présentation 1
Panneau de présentation 2
Panneau de présentation 2

Agathe Jagerschmidt, Vanloo Carle, Polichinelle
Agathe Jagerschmidt présente le tableau au public / Photo Y. François

  Transcription des notes de Laure Amelin.

 

      Le tableau a été légué à la ville par Jacques Boucher de Perthes qui le tenait lui-même de son père. Il fait partie des objets de la collection qui ont pu être sauvés des bombardements de mai 1940.

     La palette est claire, on note des tons rouges et 7 nuances de gris et de beige.

     Le sujet est un acteur portant le costume de Polichinelle.   Son visage est en partie caché par un masque et sa silhouette  disparaît sous le costume couvrant la bosse et le bras. On remarque particulièrement le geste de la main droite et l'inclinaison du corps vers l'arrière.

     Il s'agit de Pulcinella, nom italien de Polichinelle, personnage bossu et bedonnant de la commedia dell'arte. Il porte un demi masque au nez aquilin qui dévoile le bas du visage. Manquent ici ses autres attributs habituels, un bâton ou une épée en bois ainsi qu'un grand chapeau ou un bonnet en forme de cône.

      En arrière plan on devine un mur avec un coin de fenêtre, décor de rue typiquement associé au théâtre italien.

Polichinelle d'après Carle Vanloo, Musée Boucher-de-Perthes, détail / Photo Y. François
Polichinelle d'après Carle Vanloo, Musée Boucher-de-Perthes, détail / Photo Y. François

     Polichinelle se caractérise sur scène par son accent napolitain et une démarche particulière due à ses jambes raides. C'est un égoïste féroce qui a un goût immodéré pour les femmes et sait très bien s'y prendre pour arriver à ses fins.

     Ce personnage faisait partie des caractères de la commedia dell'arte que les comédiens italiens firent connaître en France entre le XVIe et le XVIIIe siècles. C'est Marie de Médicis qui les amène à la fin du XVIe siècle. La troupe la plus connue était celle des Gelosi. Ils voyageaient de cour en cour pour présenter leurs spectacles pendant lesquels ils brodaient autour d'un canevas pour faire rire les spectateurs. Bien qu'ils continuent à parler italien, tout le monde alors reconnait les personnages qui se différencient facilement par leur costume spécifique. On connaît encore celui de valets comme Arlequin ou Polichinelle .

J. Calot, Commedia dell'arte
J. Calot, Commedia dell'arte / source Wikimedia.org http://wellcomeimages.org/indexplus/obf_images/d7/b0/350c09a8ebdbe3b534d9fbfb647f.jpg

    En France la commedia dell'arte connait un essor important au XVIIe s., on le voit dans les eaux fortes de Jacques Callot représentant des fêtes de la ville.  Mais le théâtre français évolue, en particulier avec Molière, et lui fait concurrence au XVIIe s. et surtout au XVIIIe s. Les comédiens italiens disparaissent définitivement en 1779.

 

     Cette tradition de farce remonte à l'antiquité grecque : dans ses comédies Aristophane dénonçait déjà par la caricature les défauts de la société.

     Elle persiste à Rome avec les attelanes : petites pièces improvisées avec des personnages très typés dont Maccus , en qui l'on peut voir l'ancêtre de Polichinelle.

       On la retrouve dans les carnavals, moments de fête populaire pendant lesquels chacun se déguise et endosse un rôle à l'inverse de sa condition.

    Pour illustrer le goût de la fête et du déguisement, Mme Jagerschmidt propose quelques gravures de la même époque choisies dans les collections.

      Vous voyez ci-dessous une gravure à l'eau forte de Jean Charles Levasseur, graveur du Roi, (Abbeville 1734, Paris  1816) : Le carnaval des rues de Paris,  d'après le tableau d'Etienne Jeaurat (1699 – 1789),.

      Les deux autres ci-contre sont de Jacques Firmin Beauvarlet, Abbeville 1731 - Paris 1797, d'après Jean-François de Troyes (Paris, 1679 – Rome, 1752),  La toilette pour le bal et Le retour du bal.

Levasseur, La fête dans les rues de Paris, musée Boucher-de-Perthes
Levasseur, La fête dans les rues de Paris, musée Boucher-de-Perthes / Photo Y. François
Beauvarlet, La toilette pour le bal, gravure, Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville
Beauvarlet, La toilette pour le bal, gravure, Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville / Photo publiée sur la page Facebook du Musée
Beauvarlet, Le retour du bal, gravure, Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville
Beauvarlet, Le retour du bal, gravure, Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville / Photo publiée sur la page Facebook du Musée

M. Dovergne, maire-adjoint à la culture, était présent dans l'assistance / Photo Y. François
M. Dovergne, maire-adjoint à la culture, était présent dans l'assistance / Photo Y. François

 

       La conférence a réuni 47 personnes, dont 26 adhérents de notre association.

      La réunion s'est terminée dans la convivialité autour un petit pot "jus de fruit, cake" très sympathique.


        Nous retrouverons avec plaisir Mme Jagerschmidt pour sa prochaine conférence qui aura lieu le 13 mars à propos d'un objet sorti des réserves.

Une partie de l'assistance / Photo Y. François
Une partie de l'assistance / Photo Y. François
Photo Y. François
Photo Y. François

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