L’œuvre du mois 8 - Le biface "de la Porte du bois"

Biface acheuléen / Photo Musée Boucher-de-Perthes
Biface acheuléen. Coll. Claude Neuillès, dépôt Mme A. Joron / Photo Musée Boucher-de-Perthes

 

Le biface de la Porte du bois

 

Conférence au musée 

par Jean-Luc Locht, archéologue à l'INRAP.

  mercredi 9 septembre au musée Boucher-de-Perthes à 18h  

 

               Le biface de la Porte du bois est le type même du biface. Il a été choisi comme support générique pour cette conférence car il est parfaitement représentatif de l'industrie acheuléenne* de la vallée de la Somme par son aspect, sa taille et son matériau le plus fréquent dans notre région : le silex.

 

 

         Qu'est-ce qu'un biface ? En quoi est-il fait  ? A quoi   servait-il ?  Voilà les questions d'abord évoquées par le conférencier mais, à la grande satisfaction du très nombreux public,  il fut également beaucoup question des fouilles menées récemment sur les sites  abbevillois et à Caours.

 

  Un livret d'accompagnement à la visite et un livret jeune public sont mis à disposition des visiteurs pendant le mois de septembre 2015.  Vous pourrez vous les procurer dans l'espace de présentation ou à l'accueil ou le télécharger ici.

***une coquille s'est glissée dans le texte : le biface apparaît en Europe vers - 500 000 ans  et non -50 000 ans . Voir la frise chronologique de l'INRAP.


Mme Agathe Jagerschmidt présente le conférencier du jour, M. Jean-Luc Locht, , Ingénieur de recherche, directeur des fouilles de Caours, INRAP / Photo Yvan François
Mme Agathe Jagerschmidt présente le conférencier du jour, M. Jean-Luc Locht, , Ingénieur de recherche, directeur des fouilles de Caours, INRAP / Photo Yvan François
Jean-Luc Locht, Ingénieur de recherche, directeur des fouilles de Caours, INRAP présente une définition du biface / Photo Y. F.
Jean-Luc Locht, Ingénieur de recherche, directeur des fouilles de Caours, INRAP présente une définition du biface / Photo Y. F.
Vue partielle du public / Photo Y. F.
Vue partielle du public / Photo Y. F.


Quelques  documents présentés autour du biface pour éclairer le sujet.

 Les photos sont agrandissables par clic sur la vignette.

 

        Un grand panneau explicatif est à disposition des visiteurs. C'est un agrandissement du livret.

 

         Dans les vitrines, sont présentés d'autres bifaces, de matières et de formes différentes, ainsi que des os d'animaux contemporains des hommes qui façonnèrent ces outils. 

         Parmi les documents ajoutés ici,

- un biface en silex de type Acheuléen (de- 500000 à - 300 000 ans avant notre ère) découvert par  Jacques Boucher de Perthes à Menchecourt, un quartier d'Abbeville. Avec un billet autographe de Boucher de Perthes et de Lartet à qui avait été offerte cette pièce. (source Wikipédia)

- un dessin de  A. Mortillet qui illustre bien la signification du terme biface, outil emblématique du paléolithique au profil symétrique. 



            *La frise chronologique ci-dessous permet de repérer où se situe l'acheuléen : c'est la plus ancienne période d'occupation humaine dans notre région. Elle semble avoir débuté vers - 500 000 ans. 


N.B.        Le terme "acheuléen" a été créé en 1872 par Gabriel de Mortillet en référence aux  premiers bifaces découvert à Saint-Acheul, quartier d’Amiens.

    A propos de l'appellation "abbevillien" appliquée autrefois à certains bifaces du musée, le conférencier nous a expliqué qu'il ne s'agit pas de pièces  plus anciennes et plus frustes que celles dites "acheuléennes". Il s'agit de bifaces ayant été abimés par l'usage ou ayant subi des accidents géologiques. L'adjectif abbevilien n'a donc plus de raison d'être.

      Les zones marron sur la carte ci-dessous montrent les limites d'occupation de l'homme de Neandertal, dans l'état actuel des connaissances. La coloration plus ou moins foncée correspond à la densité des vestiges découverts.

Carte de répartition des principaux sites à bifaces au Pléistocène moyen (Acheuléen)
Carte de répartition des principaux sites à bifaces au Pléistocène moyen (Acheuléen) / Wikipedia commons / José Manuel Benito Álvarez


     Après la présentation du biface, le conférencier évoqua Jacques Boucher de Perthes, à l'origine des découvertes des sites abbevillois et de ses successeurs.

       Parmi ceux-ci, Léon Aufrère**, à qui nous devons la découverte du site de Caours avec l'abbé Breuil, et bien sûr les équipes de l'INRAP qui, aujourd'hui encore, fouillent à Abbeville et alentour. 

    Jean-Luc Locht nous parla des recherches récentes sur les gisements fouillés par Boucher de Perthes : Carrières Carpentier et Léon, banc de l'hôpital, et site de Menchecourt seul à receler encore des traces d'occupation préhistorique mais il n'est pas exploitable pour le moment.

 

      Par contre le gisement de Caours, sur lequel les travaux viennent de recommencer, est  très riche et très important dans la recherche archéologique actuelle pour la période du paléolithique inférieur en France.

       Vous trouverez en fin d'article des documents de l'INRAP concernant ce gisement exceptionnel.

 

    Les Amis du musée seront invités à une visite privée du site en 2016. Vous recevrez un avis quand la date sera fixée.

 

**A propos de Léon Aufrère et de son rôle dans la reconnaissance de Boucher de Perthes comme "inventeur de la préhistoire", lire la notice publiée par sa fille Marie-Françoise Aufrère, membre des Amis du musée et présente ce soir-là parmi nous.

  


Des documents de l'INRAP sur le site de Caours

Ci-dessous, un documentaire vidéo de 6 mn avec une intervention de Jean-Luc Locht, archéologue de l'Inrap responsable du chantier de Caours.

 

 

A lire sur le site de l'INRAP un article expliquant l'intérêt particulier du gisement de Caours :

 

Néandertal s'invite à l'Eémien

 

    Vous en trouverez un résumé ci-dessous



Le gisement de Caours, un petit village situé à quatre kilomètres d'Abbeville, est l'objet de campagnes de fouilles menées par les équipes de l'Inrap.

 

Les premières campagnes en 2005 puis en 2006, ont mis au jour un site déterminant pour la connaissance de l'Homme de Neandertal. Le gisement de Caours présente un intérêt exceptionnel car pour la première fois  il démontre  que l'Homme de Neandertal était présent en Europe du nord-ouest durant les périodes tempérées.

 

Cinq niveaux d'occupations humaines ont été retrouvés dans un parfait état de conservation au sein d'une épaisse formation de tufs, c'est-à-dire de dépôts calcaires. Les datations (environ 122 000 ans avant le présent) permettent de replacer les occupations humaines de Caours à une phase récente du Paléolithique moyen : le dernier interglaciaire avant le nôtre, l'interglaciaire Eemien.

 

Le site de Caours semble avoir joué le rôle de site de boucherie comme le démontrent les traces de découpes ou de fractures intentionnelles à l'aide d'outils de silex sur quantité de restes osseux. Il s'agit d'une faune adaptée à un climat tempéré, comparable au nôtre, et à un environnement boisé : cerf, chevreuil, aurochs, rhinocéros de prairie, éléphant de prairie, sanglier, etc.

Aux os sont associés à de nombreux artefacts lithiques, surtout des éclats qui ont pu servir de couteaux.

 

Après seulement deux années de recherches, les résultats étaient déjà exceptionnels.

Les futures campagnes de fouilles permettront d'appréhender de façon fine le fonctionnement de l'habitat et le mode de vie des Néandertaliens il y a 122 000 ans et de reconstituer le milieu dans lequel ils ont évolué, c'est-à-dire dans un espace, dans un environnement similaire à celui que nous connaissons actuellement.

 


  En savoir plus ....


En complément vous pouvez vous reporter à l'article de Wikipédia.

 

Un site à découvrir : http://biface.fr/