Le Touquet, journée street-art - Partie 1

 

Une journée sur le thème du "STREET ART"

 

Le Touquet

16 mars 2017

 

        Ce fut une réussite totale. Nous avons été unanimement enchantés. L'exposition et la balade nous ont réservé de fort intéressantes et belles découvertes grâce à nos deux guides que nous remercions très chaleureusement. 

 

       Nous avons visité le matin la Villa Way Side sous la conduite de Marie Babo, très sympathique et compétente médiatrice du Musée du Touquet. Elle nous a présenté la toute première rétrospective, dans un musée, de l’artiste Speedy Graphito, pionnier du street art en France.

 

        L'après-midi a été consacrée à la visite guidée de l’architecture balnéaire sous la conduite de Loïc Vambre, responsable du service groupes de l’office de tourisme du Touquet. Connaissant à fond sa ville et d'une grande générosité, il nous a révélé bien des beautés et des secrets de la station.

      Au cours de cette «randonnée» d'environ 5 km, nous avons tenté de repérer les œuvres d’un autre artiste urbain, Kaï. Un "jeu de piste" pas si facile. Lien vers la visite historique.

 

        Cerise sur le gâteau, la météo était idéale.

 

       Les inscriptions à cette journée exceptionnelle au Touquet étaient limitées à 25 pour diverses raisons : la proximité de cette ville que la plupart d'entre nous étaient persuadés de bien connaître, le thème inhabituel, la marche de l'après-midi, le covoiturage, les limites du stationnement...

     Nous avons donc été surpris du nombre important de candidats. Nous présentons nos sincères excuses à tous  les adhérents qui n'ont pas pu participer à la sortie.

 


Première partie : Rétrospective Speedy Graphito

 

       Autoportrait de Speedy Graphito réalisé sur une palissade de chantier, support apprécié par l'artiste, présentée dans la dernière salle de l'exposition.

 

 

     Le musée du Touquet est installé depuis 1989 dans la villa typiquement touquettoise "Way Side", construite en 1925 dans la forêt. Il est labellisé "Musée de France".

 

        Du 22 octobre 2016 jusqu'au 21 mai 2017, l'ensemble des collections a été déménagé pour faire place aux œuvres de SPEEDY GRAPHITO.

 

     Cette première rétrospective de l'artiste a été réalisée sous le commissariat de Fabien Castanier à qui j'emprunte de larges extraits du dossier de présentation pour le compte rendu.

 

      Le musée n'a pas craint de laisser carte blanche à l'artiste qui a mis en scène à sa façon 32 années de création. Soixante-dix œuvres sont présentées : peintures, dessins, sculptures, photographies, installations et vidéos.

       La ville lui a également commandé une fresque que nous avons vue lors du parcours de l'après-midi.

 

 


Speedy Graphito, pionnier du Street Art français...

 

Speedy Graphito  / c@The1Point8 in DP Musée du Touquet
Speedy Graphito / c@The1Point8 in DP Musée du Touquet
Speedy Graphito, Malala, 1984 / in DP Musée du Touquet
Speedy Graphito, Malala, 1984 / in DP Musée du Touquet
Speedy Graphito, la Ruée vers l'art, affiche et sculpture, 1986 / Photo JH
Speedy Graphito, la Ruée vers l'art, affiche et sculpture, 1986 / Photo JH

     Olivier Rizzo, est né à Paris en 1961. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des pionniers du Street Art français. Passionné très jeune par le dessin, il suit des études d’arts appliqués puis une formation à l’école supérieure des arts et industries graphiques (ESAIG), l'École Estienne.

 

      Au début des années 1980 il commence à peindre parallèlement à son travail dans la publicité. Très vite il commence a « graffer » sur les murs de Paris avec des motifs tout droit sortis de ses tableaux, afin de se confronter aux regards extérieurs sous le pseudonyme de Speedy Graphito.

 

        Ses premiers tagues se reconnaissent à son personnage-robot halluciné à la coiffure en trident, Dédé le démon. Puis il crée le personnage Lapinture, un être zoomorphe à tête de lapin.

      "Lapinture" est un personnage emblématique, véritable « double » du peintre, qui traduit la relation fusionnelle de Speedy Graphito avec la peinture. Il se décline sous toutes les formes et traverse les âges pour exprimer tous les questionnements de l'artiste sur son art et la vie.

 

       Deux événements marquent le début de son succès :

- en 1984 il expose dans une galerie parisienne,

- en 1986, il gagne le concours du Ministère de la culture pour l'affiche de la Ruée vers l'art.

 

       L’artiste se définit comme « un DJ des arts plastiques ». C'est un plasticien qui tente toutes les formes d'expression et fait feu de tout bois... et même de tout métal, comme vous voyez sur la première photo ci-contre.

 

        Motivé par le besoin de se renouveler continuellement, il suit de près les changements qui marquent notre société. Il intègre dans ses compositions les nouvelles technologies et la culture populaire (mangas, jeux vidéos…).

Speedy Graphito, Lapinture, sculptures métal et céramique : Photo JH
Speedy Graphito, Lapinture, sculptures métal et céramique : Photo JH

 

La rétrospective propose un parcours à la fois thématique et chronologique.

 

Au rez-de-chaussée de la villa nous découvrons les premières œuvres de l'artiste, datées des années 1980.

 

Le diaporama peut être visionné en grand. Cliquez  sur la croix au centre du cadre.

Photos JH.

 

 

 Au rez-de-chaussée, voici les premières oeuvres et les souvenirs des premiers essais et premiers succès...

 

      L'espace urbain est une source d’inspiration constante, la pratique du Street Art influence son rapport à l’art, il utilise des techniques de graff en atelier. Cette double pratique de rue et d'atelier l'amène à une réflexion sur le devenir des œuvres dans le temps et selon l'espace où elles sont réalisées. C'est pourquoi il s'essaie à représenter des tableaux ayant subi les intempéries (Broken world). 

 

 

        Speedy Graphito est également un observateur de l'actualité, les catastrophes naturelles, les mouvements sociaux, les élections... se retrouvent dans les tableaux.


A l'étage de la villa sont présentées des œuvres datées des années 2000.

 

 

         Pour passer aux réalisations du XXIe siècle, Speedy Graphito a installé un "couloir spatio-temporel" : à même les murs du musée, il a peint des formes abstraites et a créé une ambiance futuriste par le jeu de spots colorés.

 

        Il faut monter au premier étage pour découvrir les travaux du début du siècle. Le thème principal est l'image, notre besoin compulsif d'accumuler des données et des  clichés de qualité souvent médiocre et dépourvues de sens.

 

         Le ton est donné dès l'escalier. L'artiste montre la surabondance de produits et d'images qui envahissent notre univers, les résultats pléthoriques et sans pertinence obtenus en tapant sur internet un terme comme "magie" ou "maître" (série Google).

 


      Speedy Graphito utilise des références de toutes origines, qu’il considère comme une culture universelle, à la fois pour exprimer sa vision de notre société et pour expérimenter ses envies plastiques.

      

       Parfois grâce à des inventions inédites il crée des illusions d'images. Ainsi, il recompose le portrait d'une vedette de la téléréalité à l'aide de couvercles de pots de confiture, produit de consommation pour produit de consommation ! D'autres portraits de vedettes du sport ou des médias ne sont qu'agencement de gélules... Au spectateur de  reconnaitre le modèle s'il le peut. 

       Speedy modifie et déforme parfois tellement les sujets par ses inventions stylistiques inédites que l’œuvre en devient quasi abstraite.        


 

 

Dans l'annexe du musée les œuvres les plus récentes de l'artiste, datées de 2016

 

 

Les œuvres les plus récentes sont installées dans l'annexe du musée.

C'est là que l'on découvre la série

 

"Mon histoire de l’art"

 

    Avec une solide formation artistique et le goût des musées, Speedy Graphito n’est pas un artiste qui se place en rupture avec l'histoire de l'art. Il fait régulièrement référence dans ses œuvres aux "grands maîtres" et leur rend hommage, mais de façon très irrévérencieuse.

     Vous reconnaîtrez ci-contre au passage de nombreuses citations des maîtres anciens tels Monet ou Picasso, mais il emprunte aussi à l'art contemporain, voyez Basquiat, et aux cultures lointaines, voyez "La vague" d'Okusai.  

     Icônes savantes et célébrités de la culture populaire, passées et présentes s'entremêlent sur une même toile, se télescopant dans un mode joyeusement humoristique.

     Ainsi Donald prend la pose devant le pont japonais, se préparant à se baigner dans l'étang aux nymphéas... Mickey s'introduit chez Picasso. Les montres molles de Dali ou les Maryline d'Andy Warhol côtoient des personnages de dessins animés aussi inattendus que Blanche-Neige ou Bob l'éponge.

 

 

         Toutes les œuvres présentées dans l'annexe datent de 2016.

       C'est un univers étrange et réjouissant qui excite la curiosité et réveille bien des souvenirs dans l'esprit des spectateurs de tous âges.

 

 



Une installation inédite, spécialement créée pour l'exposition au Touquet

 

• Urban pop

 

      Dans la toute dernière salle nous attend une installation époustouflante. Pour recréer un univers urbain, l'artiste a lui même peint la totalité des murs derrière ses toiles. Ici un paysage d'immeubles, là une superposition de tagues de différents styles...

       Au centre, la reproduction énorme d'une bombe de peinture, outil de base du peintre de rue, a été décorée sur place par ses soins.

     Le masque protecteur est un autre accessoire indispensable au graffeur, on le voit ci-contre autour de son cou, sur l'autoportrait, il est également toujours accroché au visage ou au cou de Lapinture.

 

      "Speedy Graphito n’a de cesse de tourner en dérision notre société moderne. La ville est encore une fois son terrain de jeu, mais elle est ici déserte de tout habitant et formatée de manière a revêtir un caractère universel.

       Dans cet environnement, il n’hésite pas a détourner marques, logos et messages publicitaires qui envahissent notre quotidien. Il utilise notre culture populaire qui, selon lui, est la gardienne de notre mémoire collective, et redonne une seconde jeunesse a ses personnages de fictions déconnectés du monde contemporain.

      Il dépeint dans ces grandes villes, des figures emblématiques d’une société régie par le consumérisme. Des personnages plus ou moins enchantés se retrouvent alors propulsés hors des paysages idylliques dans lesquels ils sont nés. Placés dans cet environnement urbain, ils semblent à la fois à propos et en complet décalage."

 
        Speedy Graphito est aujourd’hui considéré comme l’un des pionniers du Street Art français. Soucieux depuis toujours de rendre son travail     accessible à tous, notamment en investissant l’espace public, il est régulièrement invité à la réalisation de fresques collectives.

         Quand on lui demande quelle image de lui-même il aimerait laisser, Speedy Graphito répond : « un artiste libre ! »*

 

     Grâce aux explications très bien documentées de Marie Babo, c'est avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que nous avons découvert un artiste absolument original et un univers dont nous ignorions tout.

 

* D'après les propos recueillis par Fabien Castanier, commissaire de l’exposition, in Dossier pédagogique de l'exposition.

 


 

Speedy Graphito expose  du 19 février au 30 avril 2017 à Miami (AN AMERICAN STORY Solo show, Fabien Castanier gallery) et  du 27 avril au 27 mai 2017 à Zurich (FUSIONS Solo show, Kolly gallery).

 

En savoir plus :

Speedy Graphito, un art de vivre. Rétrospective, Musée du Touquet-Paris-Plage, sous la direction de SOMOGY editions d’art, 2016

Speedy Graphito, serial painter, sous la direction de SOMOGY éditions d’art, 2015

Son site : http://speedygraphito.free.fr/

Sa biographie : http://speedygraphito.free.fr/asbiographie.htm

Plus sur le street art : www.streetart.tv

 

 

Le Touquet, 2e partie, visite historique.