· 

Mars 2019 - Journée à Saint-Denis

 

        Notre journée culturelle du 23 mars 2019 nous conduira à Saint-Denis, ville d’art et d’histoire, "cité des rois", aux portes de Paris.

      

Le matin nous visiterons 

       C'est à la fois un témoignage précieux de l'histoire de l'architecture, l'un des premiers chefs-d'œuvre de l'art gothique, et un symbole de l'histoire de France.

 

      Vous serez intéressés et impressionnés par la visite de ce prestigieux monument qui compte près de 70 tombeaux et gisants royaux.

 

Mars 2017, 10h. La façade est à contre-jour, le chevet étant parfaitement orienté en direction de l'est, la basilique est nimbée de lumière printanière.

Basilique cathédrale de Saint-Denis, façade le matin
Basilique cathédrale de Saint-Denis

 

L'après- midi sera consacré au

  • Musée d'art et d'histoire, installé dans dans l'ancien carmel du XVIIe siècle où séjourna Louise de France, fille de Louis XV.

       Ce musée surprenant présente des collections variées et originales. L’architecture du bâtiment évoque la vie des carmélites dans un cadre parfaitement préservé. Le cloître est d'une magnifique sobriété, les corridors et les cellules rythmés de  sentences mystiques.

Vue du cloître du musée de Saint-Denis
Vue du cloître du musée de Saint-Denis

La Basilique-Cathédrale de Saint-Denis

 

Pourquoi il ne faut pas manquer cette visite...

Un peu d'histoire...

 

Dagobert visitant le chantier de la construction de Saint-Denis. Robinet Testard. Les Grandes Chroniques de France. France, Poitiers, XVe siècle. Paris, BNF, Grandes Chroniques de France, folio 60 v°. RCB 10089.

http://classes.bnf.fr/villard/grand/repro/fr2609_60v.htm

          La basilique de Saint-Denis succède à plusieurs églises érigées à l'emplacement de la tombe de saint Denis, premier évêque de Paris décapité en 280.

         Au Ve siècle c'est déjà un lieu de pèlerinage. Vers 475, une première église est édifiée.

       Au VIIe siècle, Dagobert Ier, roi des Francs, fonde l'abbaye attenante à la basilique.  Il se fait inhumer sur le site. La  basilique devient une des principales nécropoles royales.

         Au XIIe siècle, de 1130 à 1144, Suger, abbé de Saint-Denis,  entreprend la reconstruction et l'agrandissement de la basilique. Devant  l'église carolingienne s'élève une nouvelle façade, puis un nouveau chevet à l'autre extrémité. Faute de financement l'ancienne nef est conservée.


       Au XIIIe siècle, de 1232 à 1281, grâce à la participation financière de Louis XI, la nef gothique remplace, travée après travée, l'ancienne église.  L'art gothique rayonnant atteint là son apogée.

 

         Toute l'histoire de l'art gothique*, son évolution, ses innovations architecturales et ses solutions techniques se lisent dans ce monument.

 

* NB : On ne parle pas d'art gothique avant le XVIe siècle mais de francigenum opus (style des Francs). Les hommes de la Renaissance trouvent barbare ce style médiéval. Le qualificatif «gothique» apparaît pour la première fois dans une lettre de Raphaël au pape Léon X  en 1518. Réf : https://www.art-gothique.net/origine.html

 

Première phase, 1130-1140 : Une façade de style (presque) nouveau.

 

Au musée nous verrons sur des tableaux l'aspect de la basilique avant le démontage de la flèche par Viollet-le-Duc..

 

         L'abbé Suger, au début du XIIe siècle,  commandite une façade nouvelle pour la basilique. Elle illustre la transition du roman au gothique* :

  •     L'aspect massif, les épais contreforts, les créneaux médiévaux, les arcs en plein cintre des portails et la sculpture des tympans tiennent encore du style roman.
  •    L'élévation de la façade avec trois portails de grandes dimensions, les deux niveaux de grandes ouvertures, la rosace et les deux tours (symétriques à l'origine), la classent comme modèle pour les grandes cathédrales gothiques.

           Fortement endommagée sous la Fronde et la Révolution française, la basilique est restaurée au XIXe siècle par Viollet-le-Duc. Les portails ont cependant conservé une partie de leur sculpture d'origine.

 

          Une grande campagne de restauration menée de 2013 à 2015 vous permet de découvrir une resplendissante façade toute blanche.

         La municipalité prévoit à partir de 2020 la reconstruction de la tour et de la flèche démontées par Viollet-le-Duc. L'édifice retrouverait ainsi son élévation d'origine.

              En fait, la flèche sur la tour nord (86m) ne fut élevée en 1190-1230 que pour rivaliser avec Notre-Dame de Paris bâtie entre temps !

 


       Réf : chronique de Pierre Dubois sur le blog "Histoires d'universités" pour en savoir plus sur les cinq portails de la basilique. Bel album de 68 photos.

Réf : Tourisme93 pour en savoir plus sur la flèche...

 

    Au revers de la façade, dans le narthex, on peut voir également la transition entre roman et gothique : murs épais, arcs à peine brisés, pas de continuité entre les piliers des murs et les arcs des voûtes. Mais ces voûtes sont déjà sur croisées d'ogive.


Deuxième phase, 1140-1144 : Un chevet qui s'affirme gothique.

 

         En seulement 15 ans, l'évolution de l'architecture entre la façade et le chevet est spectaculaire.

          Grâce à la croisée d'ogive les architectes ont réussi à supprimer les murs du déambulatoire et des chapelles rayonnantes, créant un spacieux reliquaire inondé de lumière. Au centre se trouve l'autel des reliques, à l'arrière dans l'axe, la chapelle de la Vierge, Notre Dame de l'abbaye, dont la statue, du XIVème siècle, orne le chapiteau central de l’abside.

          Cette partie de l'édifice est surélevée par rapport au reste de l'église car Suger voulait que les reliques de Denis et de ses compagnons, Eleuthère et Rustique décapités en même temps que lui, soient visibles dès l'entrée de l'édifice.

 

         Les 3 premières photos montrent la partie basse qui date du XIIe siècle. Les grandes verrières que l'on aperçoit en haut de la quatrième photo sont  du XIIIe s., la voûte ayant été rehaussée pour raccorder en hauteur le chevet avec la nouvelle nef. Des escaliers sur les côtés du chœur assurent le raccord en largeur.


Troisième phase, 1232-1281 : La nef et les transepts ou l'apogée de l'art gothique rayonnant.

 

La nef, à gauche depuis l'entrée, à droite vue du chœur. Au-dessus du narthex, le grand orgue actuel, œuvre d'Aristide Cavaillé-Coll, 1841. Il a 72 jeux et 4.500 tuyaux.

       L'architecture de la nef et des transepts est évidée au maximum grâce aux croisées d'ogives.

       La basilique mesure 108 mètres de long, 39 mètres de largeur au transept et 29 mètres de haut. Les murs sont remplacés par des piliers formés de plusieurs colonnettes engagées, chacune correspondant à l'une des nervures d'un arc de voûte. Cela augmente l'impression de hauteur de la nef et permet de l'éclairer abondamment grâce à de grandes verrières décorées de vitraux colorés.


       Le transept, large nef transversale, accroît la luminosité par ses hautes verrières et ses roses.  La rosace du bras sud atteint un diamètre de 14 m ce qui représente une prouesse technique impressionnante. L'église devient un écrin pour la lumière qui est considérée à l'époque comme le support du message divin.

 Vues des voûtes et des verrières depuis la croisée du transept. De gauche à droite : rosace du bras nord, jonction bras nord et chœur, vue vers le chœur, transept sud, nef. 

 

 

           Il subsiste peu de vitraux du XIIe et XIIIe siècle. Les plus anciens se trouvent dans les parties basses du chevet. On en reconnaît des  fragments dispersés à leurs couleurs très pâles. Ce sont les premiers en Île-de-France et parmi les plus anciens conservés en Europe.

        Les verrières ont été restaurées  au XIXe siècle par Viollet-le-Duc. Les vitraux des parties supérieures de la nef représentent une série de rois et reines de l'époque médiévale.

 

Ci-contre, photos des vitraux du chœur. Les anciens se distinguent de ceux du XIXe par la différence d'intensité des couleurs. Le petit personnage en prière aux pieds de la Vierge, dans le vitrail de la Visitation ci-contre (en bas au centre) serait l'Abbé Suger.

 


Saint-Denis nécropole royale.

 

          Le transept est achevé vers 1260. Ses grandes dimensions, 39 m sur près de 20 m, permettent à Louis IX d'y installer la nécropole royale.

          Le tombeau de Dagobert et de sa famille se trouvait alors près du grand autel, plusieurs autres sépultures de rois capétiens, carolingiens et mérovingiens étaient disséminées dans l'église. De 1264 à 1267, Louis IX les rassemble toutes dans le transept et commande  pour chacune un gisant de marbre.

         Par la suite, la plupart des rois se font inhumer ici, enrichissant l'abbaye de nouveaux gisants et même de magnifiques monuments funéraires.

             A plusieurs reprises, en particulier au moment de la Révolution, ces tombeaux ont été profanés, mutilés voire détruits. Mais le tombeau de Louis IX avait disparu dès le XVe s., fait de métaux précieux il a sans doute été fondu par les Anglais pendant la Guerre de cent ans.

           La présentation actuelle résulte de restaurations et de réaménagements successifs entrepris aux XIXe et XXe siècles. La récupération de sépultures provenant d'autres lieux saccagés vient compléter cet ensemble unique.

Pour en savoir plus, télécharger le dossier de visite.

 Ci-contre, monument élevé au XIIIe siècle pour Dagobert, peu avant l'installation des 16 gisants commandés par Louis IX. 

 

 


      Ci-dessous quelques uns des gisants du bras sud

1-Vue plongeante du chevet sur le transept ; 2- Isabelle d'Aragon à côté de Berthe "aux grands pieds" et Pépin le Bref ; 3- Les mêmes sous un autre angle, notez les lions, symboles de force, aux pieds de Berthe et Pépin ; 4- Charles V et Jeanne de Bourbon  ; 5- Clovis 1er et Childebert 1er 6- Philippe III et Philippe IV.

       A partir de la Renaissance, les monuments atteignent des dimensions imposantes et rivalisent de richesse décorative.

        Les tombeaux à deux étages présentent au sommet les couples royaux de leur vivant, en tenue d'apparat. Au-dessous, sous forme de "transis", ils sont représentés morts, en attente de la résurrection.

  • Tombeau des Ducs d'Orléans, vers 1504
  • Louis XII et Anne de Bretagne, vers 1531
  • Mausolée de François 1er et Claude de France, vers 1550, sur le bas-relief : Marignan
  • Henri II et Catherine de Médicis, vers 1580
  • Statues funéraires de Louis XVI et Marie-Antoinette, commandée par Louis XVIII, vers 1815.

Quelques unes des nombreuses curiosités que vous prendrez plaisir à découvrir...

La plus ancienne pierre tombale est celle de Frédégonde (milieu XIIe),  elleprovient de Saint-Germain-des-Près, autre nécropole royale dévastée à la Révolution.

 

Le gisant de Childebert 1er est le plus ancien gisant connu du Nord de la France, il provient aussi de Saint-Germain des Près dont il présente la maquette (en savoir plus)


Les gisants de Blanche et Jean, enfants de Saint-Louis, en émaux limousins du XIIIe siècle, font partie des rares tombeaux métalliques préservés. Les métaux étaient souvent volés en période de guerre ou de révolte pour être fondus.

Ce fut justement le cas du tombeau de Louis IX, en or et argent, qui disparut pendant la Guerre de Cent ans. Réf forumculture.net/t51-d-or-et-d-argent-le-tombeau-de-saint-louis

 

Aux pieds du jeune Philippe d'Alençon, une chienne tient un lapin dans sa gueule. Notez les plis de la robe, ils ne connaissent pas la loi de la pesanteur.

 

Les chiens, symbole de fidélité, sont généralement placés aux pieds des femmes alors que des lions représentent force et courage pour les hommes.

Voir "Les animaux de la basilique Saint-Denis"

 


Le gisant de Jeanne de Bourbon provient du couvent des Célestins de Paris pour remplacer le gisant détruit. Il s'agit d'un "gisant d'entrailles" reconnaissable au petit sac sculpté dans la main. C'est pourquoi son gisant est plus petit que celui de son époux dont on aperçoit la tête à côté.

     Cette tête de Charles V présente un certain réalisme, ce serait le premier portrait officiel de l'histoire de la sculpture funéraire.

Le monument de cœur de François 1er, provient l’abbaye de Hautes-Bruyères, près de Rambouillet. Le cœur et les viscères des rois, étaient parfois placés dans des gisants (comme pour Jeanne de Bourbon) ou dans des urnes funéraires comme celle-ci. Ils honoraient les lieux où ils étaient envoyés.


La crypte.

 

        Moment incontournable de la visite, c'est là que tout a commencé. Elle est pleine de témoignages de l'histoire de la basilique et de celle de la royauté.

         La crypte se trouve à l'emplacement probable de la tombe de Saint Denis et de ses compagnons.

        Les fouilles archéologiques ont vérifié l'existence à cet endroit d'un cimetière remontant à l'époque gallo-romaine. Il a continué à être utilisé au moins jusqu'au VIe siècle puisqu'on y a retrouvé des sépultures d'aristocrates francs, notamment le sarcophage de la reine Arégonde, morte fin VIe siècle.

 


           C'est l'emplacement d'un premier lieu de culte. La chapelle d'Hilduin, IXe siècle, entourée d'un portique de colonnes au chapiteaux carolingiens, abrite aujourd'hui les corps des Bourbons.

         En effet, Louis XVIII au moment de la Restauration a fait exhumer les restes de ses prédécesseurs jetés dans des fosses communes en 1793. Il leur a donné une sépulture dans la crypte de la basilique. Les grandes dalles de marbre noir sont du XXe siècle.

 

Sauf mentions contraires, photos de la rédaction.


Le Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis

 

 Depuis 1981, l’ancien Carmel de Saint-Denis abrite le musée d’Art et d’Histoire.

Vous y découvrirez des collections uniques et variées.

  • L’histoire du monastère des carmélites, fondé en 1625, fut marquée de 1770 à 1787 par le séjour de Madame Louise de France, fille de Louis XV.
  • Une apothicairerie en rapport avec les activités hospitalières du Carmel, présente l’un des plus beaux ensembles de céramiques pharmaceutiques de France.

  • Dans l’ancien réfectoire sont rassemblés plus de 600 objets provenant des fouilles archéologiques effectuées à Saint-Denis : poteries et bijoux mérovingiens, sculptures romanes, verreries et étains…
  • A l’étage se trouve une collection unique consacrée à la Commune de Paris de 1871.
  • Tandis que le Pavillon Louis XV abrite le fonds littéraire sur Paul Eluard, natif de Saint-Denis, et les surréalistes.