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Boucher de Perthes (1788–1868). Des rêves métaphysiques à l’invention de la préhistoire

 

 

                    Madame Marie-Françoise Aufrère, fidèle Amie du Musée Boucher-de-Perthes, nous fait l'amitié de partager l'article qu'elle a fait paraître dans la revue

 

L'Anthropologie

de juillet-août 2021, consacrée à

   la Vallée de la Somme - Site Acheuléen de Moulin Quignon

 

Cet article est publié dans le cadre du dossier coordonné par Arnaud Hurel, Jean-Pierre Fagnart, Noël Coye « État des connaissances sur la préhistoire et l’histoire des recherches en vallée de la Somme (XIXe–XXIe siècles) » préparé au titre du colloque international « Toute une (pré)histoire en Somme » qui s’est tenu les 22–24 novembre 2018 à Abbeville (Somme, France).

 


 

                 Passionnée par ce personnage hors du commun qui a légué une partie de ses collections à Abbeville, elle a consacré de nombreuses heures de recherche à cette personnalité pleine de vitalité et d'imagination qu'elle décrit ainsi :

 

         "Boucher de Perthes est un personnage de roman en vrai, aveugle et perspicace, un Don Quichotte sans Dulcinée s’adonnant à l'impossible tâche de rendre meilleure l’espèce humaine et assez subtil pour découvrir ce que d’autres se refusaient d’admettre, l'homme fossile.

         Son destin, loin d'être une bizarrerie historique, met en évidence la complexité de la genèse de la découverte scientifique. L’imagination de l'homme qui a peur de la mort et cherche à donner un sens à sa vie peut y conduire."

         


Jacques Boucher de Perthes / gravure de Grevedon, 1831. Directeur des Douanes, 43 ans.
Jacques Boucher de Perthes / gravure de Grevedon, 1831. Directeur des Douanes, 43 ans.

     Dans son article, Marie-Françoise Aufrère dévoile une facette inexplorée de notre célèbre concitoyen.

      Elle nous résume ci-dessous l'essentiel de son article :

"Je vois Boucher de Perthes comme un personnage de roman. 
Je me suis demandée pourquoi il  avait découvert le Paléolithique, lui, directeur des douanes, sans formation scientifique. Il avait , avant tout, la volonté de renouveler le christianisme. Et c’est le christianisme , tel qu’il le concevait , qui l’a conduit à ses découvertes archéologiques.
Voici son raisonnement. 
Il voulait donner à tous l’espoir d’aller au ciel et de devenir des anges. Et les anges sont moralement meilleurs que nous.
Et il s’est interrogé sur la création de l’homme dans la Bible. Il imaginait que les premiers hommes, les hommes d’avant le déluge, nous étaient moralement inférieurs. Alors autant nous avons progressé autant nous pouvons progresser jusqu’à devenir des anges.
À la même époque les scientifiques s’interrogeaient sur l’homme fossile.
 Il a identifié les premiers hommes de la Bible à l’homme fossile. Or on n’avait alors pas plus de preuves scientifiques de l’existence des anges que de celle de l’homme fossile. Il a imaginé que si on trouvait des preuves scientifiques de l’homme fossile, on pourrait croire qu’il est donné à tous de devenir des anges.
 Il s’est fait aider par des membres de la Société d’Émulation d’Abbeville, et, s’il n’a pas trouvé les ossements de l’homme fossile, il a trouvé les objets qu’il fabriquait, ce que nous appelons le Paléolithique. 
Mais Boucher de Perthes était motivé avant tout par le renouvellement du christianisme et il n’a pas compris la préhistoire se constituant  comme science à partir 1859 et ignorant le christianisme. "

 

        Vous trouverez également dans cette revue les contributions de tous les scientifiques ayant participé au colloque organisé à Abbeville en 2018 dans le cadre de la commémoration du 150e anniversaire de la mort de Boucher de Perthes.