Octobre 2017 - Lewarde, Centre historique minier

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      Le programme de cette sortie culturelle a retenu l'attention de nombreux adhérents. Le but de notre visite du matin était le site d'une ancienne mine de charbon  à 8 km de Douai.

 

         La journée a permis à 50 Amis du musée de découvrir, avec grand plaisir, le département du Nord sous un ciel très bleu et le site de l'ancienne "fosse Delloye" sous un aspect riant, certainement très éloigné de ce qu'il était dans sa période de fonctionnement. 

 

Nous avons passé l'après-midi à Douai



 

       Le Centre Historique Minier, ouvert depuis 1984 , est le plus important musée de la mine en France. Il est labellisé "Musée de France" et inscrit depuis 2012 sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO.

 

       Les mines de charbon des Hauts de France ont été exploitées dans le Pas-de-Calais au Nord de 1720 à 1990 sur un territoire de 120 km de long sur une dizaine de km de large.  

      

       A Lewarde, l'extraction a duré de 1927 à 1971, la productivité était faible et le charbon d’assez mauvaise qualité.  Les veines de charbon se situaient entre environ 178m et 480m de profondeur.

 

         En 1971, la Direction des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais décide de créer un lieu témoin des trois siècles d'activités minières. Matériels et documents sont collectés sur le site de Lewarde au fur et à mesure de la fermeture des autres sites d'exploitation.

           Peu à peu, le site devient lieu de mémoire industrielle et humaine sous deux formes qui intéressent au plus haut point les visiteurs :

- la reconstitution de galeries de mines de différentes époques

- un musée de la mine avec vitrines contenant outils, maquettes et objets témoins du travail mais aussi de la vie quotidienne des mineurs et de leur famille. 


         C'est d'ailleurs le site le plus fréquenté de la région Hauts de France avec 150 000 visiteurs par an.

 

       Le centre historique minier est aussi un centre de ressources documentaires et un centre de culture scientifique de l'énergie qui présente les enjeux de l'activité minière et toutes les données concernant les énergies d'aujourd'hui et de demain.

 

      Les bâtiments répartis sur 8 ha sont d'origine. Les deux hautes structures appelées "chevalements" datent des années 1930. Elles  surmontent des puits. L'un d'eux permettait la descente jusqu'à 480 m de profondeur, et la remontée, des hommes, chevaux, matériels et matières extraites. L’autre servait à la ventilation des galeries.


       Après une présentation historique, chaque groupe visite à son tour une reconstitution de la mine pendant environ une heure.

       En guise de mise en condition psychologique, nous devons nous équiper d'un casque et grimper sur la passerelle qui donne accès à l'un des deux chevalements.  Accompagnés d'un guide nous suivons les différentes étapes effectuées par les mineurs et comme eux nous passons par le puits pour atteindre les galeries de mine.

        L'ascenseur nous semble plutôt étroit pour notre nombre, mais les mineurs s'y tassaient encore davantage. Nous descendons vers les 450 mètres de galeries aménagées où sont présentées les différentes époques de l'extraction du charbon, mises en scène par ordre chronologique. Description par l'ACIT ici.

        Nous suivons des couloirs faiblement éclairés, les parois étayées de rondins de bois laissent entrevoir des blocs de charbon.

      Divers wagonnets stationnent sur des rails... Les wagons jaunes miniatures conduisaient les mineurs vers les profondeurs des galeries, les berlines pleines de 600kg de charbon et de poussier étaient rassemblées par les "galibots" en longs trains de 7 tonnes qu'un cheval tirait jusqu'à la base du chevalement  pour la remontée vers la surface.

 

        "C'est au milieu du XIXe siècle, dès que la taille des puits le permit, qu'on descendit  des chevaux  au fond pour tirer les berlines. L’arrivée de nouvelles énergies, la vapeur, l’air comprimé, puis l’électricité, n’exclut cependant pas le travail du cheval au fond des mines et le dernier cheval remonta en 1976. Plus qu’un simple animal de travail, le cheval de la mine était considéré comme un ouvrier à part entière, mais c’était aussi un vrai compagnon de travail, très apprécié du mineur, dont il partageait le dur labeur." (in https://insitu.revues.org/12121)


         Nous ne pouvons que saluer le courage et la force mentale des mineurs qui témoignent aujourd'hui encore de leur attachement à leur métier et de leur fierté de l'avoir exercé.

         Nous en avons rencontré un après cette visite qui nous l'a confirmé, il a travaillé plus de trente ans au fond...

 

     Pour donner une faible idée de l'enfer sonore que vivaient les mineurs, notre guide met en fonction différentes machines, marteaux piqueurs, couloirs oscillants, convoyeurs blindés, pour évacuer les matériaux abattus...

      La cacophonie sonore, la chaleur (la température augmente naturellement d’environ 1°  par 30 m de profondeur ), la poussière qui s'insinue partout, le ruissellement incessant de l'eau (pour combattre la poussière), s'ajoutaient aux postures les plus inconfortables pour rendre les métiers de la mine extrêmement éprouvants.

       Pour les périodes les plus récentes, des séquences vidéo montrent des conditions de travail encore stupéfiantes.

 

         Comme il est possible de le voir sur nos photos, quelque soit l'époque, les hommes travaillent à genoux, gênés par les étayages, la hauteur des saignées empêche la station debout.

          Les étais de bois furent remplacés en partie par des modules métalliques qu'il fallait déplacer quotidiennement, en laissant s'effondrer la section tout juste exploitée...

 

       Nous voyons aussi l'évolution de l'équipement du mineur. Constitué d'un simple casque en cuir bouilli au début du XXe siècle, il se complète de manière très lente de bleus de travail, de chaussures et de gants (vers 1950), les masques anti-poussière et les casques antibruit (vers 1960 seulement !) qui apparaissent tardivement sont mal supportés.

 

          Et n'oublions pas les dangers qui menaçaient, parfois  mortels : éboulements, émanations de gaz carbonique, plus insidieuses mais aussi redoutables que le "grisou" qui provoqua tant de catastrophes...

           La silicose et d'autres maladies font encore des victimes bien après la fermeture des mines.

 


                 Le thème de l' entretien dépend du lieu dans le musée où un groupe est reçu. En ce qui nous concerne c'est près de la lampisterie que nous rencontrons un ancien, il est donc question des différents dangers et des antidotes plus ou moins efficaces qui étaient mis en place pour les contrer.

      Par exemple, le rôle des lampes dans la surveillance des émanations de gaz. Même après l'installation de la lumière électrique les mineurs gardaient toujours un œil sur la flamme de contrôle : elle indique la présence de grisou (méthane) "si elle bleuit, on se méfie, si elle « file », on file aussi !". Mais si elle s'éteint c'est du gaz carbonique...


      Chaque groupe est reçu dans un lieu différent de l'immense bâtiment dont nous visitons ensuite librement différentes expositions. 

       Ce bâtiment regroupait les bureaux, les bains-douches, la lampisterie et l’infirmerie ou « salle des blessés ». Il a été construit de 1927 à 1928. Les salles des bains-douches ont été achevées et peintes en 1929.

            Certains de ces services sont restés en place. La salle des pendus où les mineurs changeaient de vêtements et les suspendaient bien haut car ils se douchaient  au pied des murs. L'infirmerie, les bureaux administratifs des années 1930, comme celui du comptable, de l'ingénieur et le délégué-mineur. On découvre aussi l'ordre rigoureux de la lampisterie, le garage à vélo, les écuries...

 


http://www.chm-lewarde.com/fr/
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           La majorité de l'espace restant permet de présenter les collections très diverses en rapport avec 

  • la vie quotidienne des mineurs.

La vie dans la cité minière : loisirs, santé, habitat… La collection ethnologique restitue le cadre de vie à la maison, l'estaminet, les loisirs comme la colombophilie, divers souvenirs... sans oublier ceux des nombreuses communautés d'origine étrangère qui sont venues fournir de la main d’œuvre.    

 

  • l'histoire de la mine et des techniques

C’est ce que retrace l’exposition Les trois âges de la mine, notamment grâce à des maquettes de sites miniers. Elles illustrent l’évolution du paysage industriel et des techniques au cours des 270 ans d’extraction du charbon dans le Nord-Pas de Calais.

Dans les vitrines, outils et équipements des différentes époques.

 

  • la partie géologique

          A l’origine du charbon, le Carbonifère est une section qui propose un voyage dans les temps géologiques pour découvrir le processus de formation du charbon. De nombreux fossiles, échantillons miniers et documents graphiques illustrent les métamorphoses de la matière.

 

       Le site est tellement riche que nous n'avons pu tout voir, en particulier le moulinage et le triage auxquels femmes et galibots étaient affectés. Nous n'avons donc pas eu d'informations sur le travail des femmes et des enfants pourtant indispensables au fonctionnement de la mine...

 

Textes JH, photos YF et JH; sauf mention contraire



Documentation complémentaire

Histoire du charbon dans le Nord-Pas de Calais...

un article bien détaillé et illustré du site nordmag.fr, avec une carte du bassin minier.


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Compte-rendu très détaillé de la visite des galeries de mines reconstituées à Lewarde - par l'Association des Chimistes de l'industrie textile
ACIT-Lewarde-Extrait du Compte-Rendu.pdf
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En complément, voir le compte rendu de la visite par l'ACIT du site de Loos en Gohelle dont nous irons peut-être voir les terrils une autre fois.
CR-Louvre-Lens-détaillé1.pdf
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